La neuneu de service (1)

Quand j'étais écolière, puis collégienne, j'étais celle "qui compte pour du beurre".
La fille toujours à côté de la plaque, qui ne comprenait pas les règles des jeux, les codes sociaux, les conventions sociales, celle qui ne comprenait pas les blagues mais qui rigolait quand même parce que ça la faisait rire de voir les autres rire...
Bref, j'étais la neuneu de service. Mais certains et certaines de mes camarades de classe prétendaient être mes amis, et quelques-uns m'ont intégrée à leur bande de potes, mais je comptais pour du beurre. Je n'étais ni acceptée, ni tolérée, on n'avait pas pitié de moi (c'est déjà ça), simplement j'étais utile, à divers niveaux:
- Très forte en français, je les laissais copier sur moi en classe, je ne refusais jamais quand ils me demandaient de faire leurs devoirs à leur place, je leur filais des anti-sèches (moi qui ne trichais jamais, ni en classe ni dans aucun domaine, et qui d'ailleurs ne comprenais même pas le concept de triche)...
- Dessinatrice talentueuse, je ne refusais jamais lorsqu'ils me demandaient de faire (gratuitement, bien sûr) le portrait de leur chanteur ou chanteuse favori(te), de leur petit(e)-ami(e), de leur chat ou de n'importe qui ou quoi d'autre. Et puis, comme je ne signais jamais mes oeuvres, certains faisaient croire qu'ils étaient les auteurs de mes dessins et se la pétaient - comme on dit aujourd'hui - pour une gloire qui ne leur appartenait pas, sans que je ne m'en offusque (idem les poèmes que j'écrivais la nuit dans ma chambre et que je faisais lire le lendemain à mes "ami(e)s").
- Je ne refusais jamais de rendre un service, quel qu'il fût, et cela même parfois au risque d'être punie par les profs/recevoir une raclée de mon père/avoir un accident et/ou perdre la vie, car certains de ces petits connards abusaient de ma naïveté sociale, de ma naïveté tout court, de mon absence de conscience du danger et de mon incroyable gentillesse pour me faire faire tout et n'importe quoi et surtout les pires conneries...

A suivre...